Ca y est rendez
vous est pris vendredi à 21h, avec DJ Juan au studio de Générations,
Avenue Mesnil montant, le périphérique bouche, l'avenue de la Villette
aussi, aïe!! Je suis en retard. Anne Marie attend devant le porche qui
nous amène tout droit au studio, nous sommes reçus par Yo man qui nous
invite gentiment à nous asseoir dans une salle d'attente pour prévenir
l'homme à interviewer. Le voilà qui arrive et nous demande de le suivre
au studio où l'émission de Dj LBR bat son plein en version DAT. Quelques
préliminaires avant de commencer ; nous nous présentons et lui fait
de même. Son acolyte Mr Asko arrive tout est réuni pour détendre l'atmosphère
: Bonnes vibes musicales, une équipe performante. L'émission va bientôt
commencer, Dj Asko va exceptionnelement prendre le contrôle et de notre
coté nous allons commencer notre interview. Juan est un homme aux multiples
talents. Tout d'abord, collectionneur hors pair, producteur, animateur
radio, à la tête d'un label :Hi & Fly ( création 2000) et surtout concepteur
de Playtime , les compiles qui sont de véritables mines de sons distribuées
par Superclasse Records. Sa passion pour la musique nous est apparue
tout au long de cette heure et demie passée à discuter.
Comment es-tu devenu DJ ?
DJ Juan :A la base la définition de dj, c'est un mec qui met des disques.
Moi au tout début je mettais des disques pour moi chez moi. Quand j'étais
môme je me souviens le samedi, près de chez moi, il y avait un disquaire
de musiques afro-antillaises.Il sortait ses enceintes dehors et passait
des disques à longueur de journée, moi j'écoutais pendant que je faisais
du roller skate. Un des premiers disques que j'ai acheté avec mon argent
chez lui (car jusque lors c'était ma mère qui sous la pression finançait
mon éducation musicale..) c'est James Brown (note "Bring it on,
Bring it on "1983) puis d'autres et après je suis allé dans une
ville à coté dans un autre magasin et ainsi de suite... à l'époque tout
sortait en 45 tours. Je regardais les galettes pendant que ma mère faisait
les courses, moi ça me saoulais, elle savait qu'elle pouvait me laisser
pendant des heures chez le disquaire. J'achetais tout ce qui passait
à l'époque et me plaisait : Chic, Gibson Brother, Barry White etc...
tu pouvais écouter et le prix d'un 45 T était de 15 FR. Le disquaire
était plutôt Rock mais il y avait un coin Funk,Black Musique, comme
on disait. J'écoutait pas mal de disques et au bout d'un moment j'ai
eu pas mal de 45t et il avait des boums et je mettais " Off the wall
", " Billie jean " (note Michael Jackson), Afrika Bambatta etc... J'ai
toujours été bercé par la musique du fait de mes origines antillaises:
la musique haïtienne, le compas, la salsa, la Soul Music... elle a une
place très importante chez nous. J'ai un oncle qui possède une collection
de vinyls de Puerto Rico (note ex-professionnel dans la sélection pro
portoricaine dans les années 60-70) quand j'allais chez lui aux Antilles,
d'ailleurs j'y vais encore, je chinais dans ses galettes et il avait
des trucs fous, c'est comme ça que la passion s'est matérialisé pour
le vinyle.
"Je mets de la musique pour que les gens
s'amusent tout en me faisant plaisir également " Dj Juan
Après tout cela, il y a eu le Bobino, le Bataclan, la Main Jaune, le
Rex.. j'ai rencontré un groupe, qui à l'époque s'appelait RAPSONIC(l'ancien
nom de RAGGASONIC), et je me suis joint à eux.

1991: Izo, Crazy B, Cut Killer, Big Red, Faster Jay, Jean-Manuel(Dj
Juan) et Doc Phil, championnat de France DMC au Palace (Paris)_Source
: DJ mix, Septembre 2001
La deuxième partie des années 80 j'ai pris mon rôle de Dj plus au sérieux,
j'avais de la chance d'avoir un ami qui avait des platines dans sa chambre,
et quand on rentrait de soirée ou de boite, très tôt le matin, lui allait
se coucher et moi je faisais ma sélection :LL COOL J, Beastie Boys etc.
et c'est à ce moment-là que j'ai vraiment aimé les platines. Elles avaient
un sens pour moi, j'ai eu les miennes très tard au début des années
90 et j'avais le culot d'aller jouer dans des soirées sans savoir mixer.
Il y avait un Dj que j'appréciais par-dessus tous les Djs de Paname
et de France depuis une dizaine d'années c'était Clyde (Ancien Dj d'Assassin)
c'est lui qui pour moi à relancé ma conviction dans le deejaying c'était
la première fois dans une émission de radio à grande écoute (Radio Nova
avec l'émissionHYPNOTIK SHOW) qu'un mec mettait le son que j'aimais.
Ca ne se limitait pas uniquement au rap mais aussi il y passait de la
funk, l'émission a duré 4 ans avec Asko ( son inséparable associé) qui
animait au micro avec (rapide apparition de Solo, Joey, et avec China
qui chantait parfois...)
...Dans le deejaying ce n'est pas seulement mettre ce qui marche, on
a tendance aujourd'hui à prendre les gens pour des " cons " et à dire
ils vont manger ce que l'on leur donne, alors que c'est pas vrai, les
jeunes de vingt ans, actuellement, tu leur mets Dont'Stop 'Til You Get
Enough ( note : Michael Jackson) quelque soit la boite, ils dansent
même s'ils non pas connus l'époque parce que c'est un bon morceau, moi
je me permets de passer We are Family(note : Sister sledge), Gary Byrd
: the Crown avec Stevie Wonder parce que ces morceaux fédèrent les gens,
ceux qui écoutent : Du rap, de la funk, de la house, du rock, du punk...
L'alchimie parfaite, c'est le compromis entre ce que tu peux mettre
par respect pour les gens qui ont payé et qui sont venus s'amuser et
ce que tu peux mettre par respect pour toi-même parce que tu as une
image à défendre, je suis disc-jockey c'est à dire : je mets de la musique
pour que les gens s'amusent tout en me faisant plaisir également. Tu
sais ce qu'aime un Dj c'est quand il lève les yeux et de voir une piste
de danse remplie, de voir tout le monde danser : Les noirs, les blancs,
les jeunes, les vieux, les musulmans, les catholiques, les juifs tous
réunis sur le même morceau. Les poignées de mains, les félicitations
c'est gentil, mais la première des récompenses c'est quand je vois des
gens dans une soirée jusqu'à 5h du mat sur la piste. Moi je ne suis
pas important ce n'est pas moi qui chante sur les disques, je ne fais
rien d'extraordinaire quand une piste est remplie je fais mon boulot.
" Nous sommes la dernière roue du carrosse ceux qu'ils faut applaudir
ce sont ceux qui sont sur les disques " Dj Juan
Aujourd'hui on a une certaine image du Star-Dj qui me dérange un peu,
en sachant que nous sommes la dernière roue du carrosse ceux qu'ils
faut applaudir ce sont ceux qui sont sur les disques et puis nous pour
le savoir-faire, la technique... Mais les choses doivent rester à leur
place, nous avons passé une décennie où la chose a pris une telle ampleur,
s'est amplifiée d'une telle façon que le mot " DJ " est devenu un titre
honorifique comme prince, comte ou duc, des que tu as la prétention
de mettre tes mains sur des platines il faut que tu fasses danser les
gens. Moi j'ai vu des très grands Dj vider des pistes. Dans les années
80, le mot disc-jockey était utilisé à son juste titre. Tu méritais
ta couronne seulement si tu remplissais ton coutrat. Faire bouger le
dance-floor et surprendre l'audience par une sélection diversifiée
Tes activités en dehors de l'émission ?
On est un petit collectif d'amis, j'ai un petit homestudio, j'ai toujours
aimé faire de la musique. Par rapport à Playtime avant je faisais des
k7 puis un jour j'ai dit à un pote
-" Tiens qu'est ce que tu en penses si je compilais des sons de ma collection
? ". Lui faisait des compiles et distribue, il était dans le label Bigcheese
(note : Dj Zaz) et il m'a dit " Je monte une boite de distribution je
compile aussi, fais moi écouter tes choix ! " J'ai pris mes disques,
je lui ai gravé un CD et fais une pochette ensuite j'ai monté mon propre
label Hi & Fly Records : C'est de la production, de la compilation et
aussi également une émission de radio le playtime show. Lui m'a dit
banco ça me plaît on lance le truc. Le kiffe c'est de faire des mix-tapes
sur cd's et vinyls que les gens vont aimer.
" Le kiffe c'est de faire des mix-tapes
sur cd's et vinyls que les gens vont aimer " Dj Juan
Qui est Brad Whitaker ?
C'est un pote a New-York , à chaque fois que je vais là-bas je le vois
c'est lui qui m'a emmené dans tous les bons plans pas grillés : Uptown,
Harlem, Washington, Brooklyn, je pouvais trouver des galettes à 1 ou
2 dollars et des trucs de dingues. Pour la 1er compilation je lui ai
dédicacé puis maintenant à chaque fois elle porte son nom, s'il ne m'avait
pas mis dans ce délire je l'aurais peut être jamais fait.
Ton avis sur le statut du funk ?
Oui ça peut marcher, d'ailleurs ça marche, si à la base du truc n'est
pas géré par des gens consciencieux, si jouer de la funk pour derrière
jouer de la house, je n'ai aucun problème avec la house, mais c'est
utiliser un courant et le détourner ça me dérange. Parce que avec le
hip-hop les mecs ont su utilisé le funk comme support et à un aucun
moment dans l'esprit des gens il y a eu la confusion à dire si c'est
eux qui jouent ou pas, c'était à l'époque de Sylvia Robinson avec Sugarhill
Gang , un orchestre jouait c'étaient les prémisses. Aujourd'hui on peut
faire des " eh ! what wrong with you " on prend des trucs et on le dit
pas et je trouve que c'est manquer de fair-play parce qu'il ne faut
pas oublier les gens à la base de ce tube. Ce n'est pas au public d'aller
chercher qui à la base a écrit cette mélodie ou paroles mais c'est à
ceux qui samplent ces morceaux de le faire.
" L'alchimie parfaite, c'est le compromis
entre ce que tu peux mettre par respect pour les gens qui ont payé et
qui sont venus s'amuser et ce que tu peux mettre par respect pour toi-même
parce que tu as une image à défendre. " Dj Juan
Question bonus, Juan, si tu partais sur une île déserte avec
seulement 10 vinyls lesquels tu emporterais au grand large ?
C'est assez dur, voir impossible, mais je pense trouver :
- James
Brown: le titre hustle dead on it
- Jon
Lucien : avec l'album Rashida qui est un album parfait, je suis très
soul
- The
Impressions : le groupe de Curtis Mayfield, sur le label Curtom, dont
il faisait partie
- Il
y aurait obligatoirement un Gil Scott Heron
- E.S.G
: un groupe pop, funk, rock, de nanas des années 80 qui sont à l'origine
de whites lines de Grandmaster Flash (bass et batterie)
- Le
live des lives: Gratitude de Earth, Wind & Fire
- Un
Roy Ayers
- Caldera
- Andy
Bey
- Don
Blackman
- Schooly
D (Rap)
- Bob
Marley : le cacth a fire
- Hector
Lavoe, Willie Collon : c'est dans la voix (salsa)
- Pharoah
Sanders : l'album Elévation un album free jazz qui est hallucinant,
l'original d'un titre des jungles brothers.
Malheureusement
je ne sais pas si je partirai sur une île déserte sinon avec un groupe
électrogène, une platine et un container de disques.
Emission Playtime
show tous les vendredis de 22h à 23h avec Dj Juan, Dj Asko et la charmante
Amina pure émission jazzRock
Les projets Hi & Fly
- Une
compilation reggae : de la soul avec un Rythme à la sauce jamaïcaine
- Le volume 2
du Playtime Jazzfunk
- A
venir une compilation funk 80: des morceaux à faire découvrir (comme
d'hab) pas des standards
Compilations Playtime apparus :
FREDAFUNKYSOUL
FOR WWW.FUNKY-PEOPLE.COM
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